
Un patrimoine méconnu : les cartes à jouer
Sympathiques, colorées, longtemps reines des passetemps de bonne compagnie, les cartes à jouer sont parfois traitées avec désinvolture. Les travaux historiques les plus à jour sont souvent négligés, et on trouve encore des erreurs grossières dans des publications universitaires. Né en Orient, introduit en Europe vers le milieu du XIVe siècle, le jeu de cartes s’est diffusé très rapidement, entraînant avec lui une nouvelle consommation de papier et des méthodes de production sophistiquées. La complexité des techniques de fabrication, inchangées du XVe au début du XIXe siècle, a surpris plus d’un encyclopédiste. On est étonné de voir à quel degré de rationalisation, particulièrement net en France, les cartiers sont arrivés dès la fin du XVe siècle. À l’impression des traits, tôt confiée à la gravure sur bois (début du XVe siècle), ont succédé de nouveaux procédés qui semblent comme jalonner l’histoire des arts graphiques : gravure en taille-douce dès le milieu du XVe siècle (le «Maître des cartes à jouer »), essais de gravure sur bois debout au XVIIIe siècle, lithographie et gravure sur acier dès le début du XIXe, chromolithographie en 1840, sans oublier l’offset, mis en oeuvre dès les lendemains de la Première Guerre mondiale.
Le feu, les guerres, l’hostilité des Églises, la brutalité des joueurs, l’absence d’intérêt « artistique » ont provoqué des pertes irréparables et massives. Mais la valeur documentaire et le charme indiscutable des cartes à jouer ont amené des amateurs d’estampes et de livres à les collectionner. Dès lors, des soins plus attentifs ont été consentis, qui sont à la portée de tous, institutions publiques et collections privées.
Article issu du Support/Tracé n°15, disponibe en téléchargement immédiat.
Mots-clefs :
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